Quand la gravure devient sculpture
C’est un lien entre deux univers qui ont évolué de manière analogue au soir du 19e siècle que tisse Vacheron Constantin avec ses nouvelles pièces: l’architecture et l’horlogerie. Imaginée à partir de l’un des mouvements de référence de la Maison, le calibre 4400, cette œuvre sculpturale emprunte aux grandes gares européennes emblématiques de l’âge d’or de la révolution industrielle leur construction aérienne tout en voûtes et en transparence, afin de transcender l’art du squelettage. Le geste du graveur se réinvente pour s’apparenter à celui du sculpteur, révélant de saisissants jeux de lumière, portés par une architecture tridimensionnelle que vient sublimer un autre métier d’art : l’émaillage Grand Feu.
Elle aussi symbole d’un temps en mouvement, l’horlogerie connaît une évolution similaire. Les imposants calibres des montres de poche s’affinent peu à peu, au fil d’un long travail portant sur la réduction de la taille des composants, tant en termes de diamètre que d’épaisseur. L’aspiration à un style plus aérien voit éclore les premières montres squelettes au 19e siècle, dans une démarche illustrant la même volonté que celle prévalant dans l’architecture de l’époque : concilier esthétique et technique. La matière des calibres est ainsi évidée à son maximum pour gagner en légèreté et laisser transparaître la lumière, dans un exercice de style exigeant une parfaite maîtrise de la science horlogère, afin de ne pas nuire au bon fonctionnement de la montre.
Une quête historique
Si le premier calibre entièrement squeletté est apparu en 1924 chez Vacheron Constantin, la Manufacture a fait œuvre de pionnière dans cette recherche stylistique, puisque la première montre réalisée par Jean-Marc Vacheron en 1755 mettait déjà en scène un coq de balancier ajouré et gravé. Au fil des années qui allaient suivre, la Manufacture n’a cessé de poursuivre sa quête de transparence mécanique, ouvrageant toujours plus les composants de ses créations. Après les montres de poche, elle a conçu des mouvements squelettés pour montres-bracelets dès les années 1960, repoussant toujours plus loin les limites de son art en squelettant des calibres aussi compliqués que des répétitions minutes, quantièmes perpétuels et autres tourbillons, parfois même dans des déclinaisons extra-plates.
Le temps a passé et la soif de défis créatifs est restée intacte. Pour preuve, la Manufacture présente aujourd’hui une somptueuse œuvre mécanique évoquant les grandes verrières des gares d’antan, soutenues par des ogives gothiques. Du grand art servi par un époustouflant travail de gravure main, qui s’apparente ici à une véritable sculpture, orchestrée par une symphonie de courbes au service d’une architecture tridimensionnelle où la lumière règne en maître.
De nouveaux jalons dans l’art de la gravure main
Squeletter un mouvement est un art exigeant, puisqu’il s’agit d’évider au maximum les éléments mécaniques, tout en veillant à ne pas nuire au bon fonctionnement de la montre. Le plus souvent, les horlogers partent d’un calibre plein existant qu’ils soumettent à nouveau à un long travail de conceptualisation, de design et de modélisation, afin de faire naître la magie du squelettage. Le nouveau modèle Métiers d’Art Mécaniques Ajourées n’échappe pas à la règle, puisqu’il met en scène la première version squelettée d’un mouvement iconique de la Maison : le calibre 4400 à remontage manuel. Il aura ainsi fallu plusieurs centaines d’heures jusqu’à trouver le parfait équilibre entre esthétique aérienne et fonctionnalité. A la prouesse de retirer près de la moitié de la matière par rapport au calibre plein 4400, les horlogers et artisans de la Manufacture ont ajouté un autre défi : celui de faire du nouveau mouvement squelette une véritable œuvre architecturale tridimensionnelle exprimant de saisissants jeux d’ombres et de lumière. Pour ce faire, ils ont posé des jalons inédits dans l’art ancestral de la gravure main. Plutôt que de « bocfiler » la surface plane de la platine et des ponts, c’est-à-dire de les découper au moyen d’une petite scie, avant de les étirer et de les angler, les artisans-graveurs ont ciselé les composants sur l’ensemble de leur pourtour, dessinant une véritable sculpture tout en volume et en relief. S’inspirant des ogives des gares de la fin du 19e siècle, ils ont fait naître à minutieux coups de burin de délicates voûtes sur le calibre, dans une fascinante architecture de courbes. Des rondeurs qui rompent avec les droites des mouvements squelettes classiques, et induisent un travail d’anglage et d’étirage plus complexe encore. Dans un savant entrelacs d’angles rentrants que seule la main de l’homme est capable de réaliser, les finitions polies viennent capter la lumière, tandis que les surfaces étirées jouent de leur finition mate pour renforcer par contraste l’éclat du poli. Une alchimie de différentes terminaisons artisanales qui vient sublimer le relief des voûtes gravées au terme de plus de trois jours de travail pour un seul calibre, en lui offrant une personnalité unique.
Quand un métier d’art en sublime un autre
Réinterprétation contemporaine de l’art ancestral de la gravure main, la fine mécanique squelettée du modèle Métiers d’Art Mécaniques Ajourées se voit ennoblie par un autre métier d’art dans lequel la Manufacture Vacheron Constantin excelle depuis ses origines : l’émaillage Grand Feu. Démontrant une nouvelle fois toute l’étendue de leur savoir-faire, les artisans- émailleurs de la Maison ont ainsi façonné une bague surmontant le calibre, au terme d’un patient travail exigeant une virtuosité extrême, puisque la forme circulaire de l’anneau à émailler induit de sérieux risques de déformation. A cet exercice périlleux relevé de main de maître s’est ajoutée une autre difficulté, à savoir obtenir l’une des teintes les plus difficiles à réaliser avec l’émail Grand Feu : un noir profond et opaque. Un véritable défi, puisque plus une couleur est foncée, plus la lumière vient réfléchir les moindres imperfections. Pour restituer toute la beauté du noir, le maître émailleur a ainsi dû créer une surface parfaitement plane et uniforme, afin d’éviter l’apparition de bulles indésirables lors des cuissons successives de l’émail.
Déclinée tour à tour en noir, bleu ou gris, la bague émaillée Grand Feu est soulignée de chiffres romains, empruntant leur style à ceux des horloges centrales des grandes gares européennes de la fin du 19e siècle, tissant un pont avec les motifs architecturaux gravés sur le calibre.
Dans sa version haute joaillerie, la Métiers d’Art Mécaniques Ajourées fait entrer un troisième métier d’art dans sa fascinante orchestration : le sertissage. 42 diamants de taille baguette viennent ainsi illuminer la lunette de leur éclat, auquel font écho les pierres serties sur le fermoir du bracelet, également serti de 12 diamants taille baguette. L’ensemble de la pièce est ainsi sertie de près de 2.8 carats.
Une montre estampillée du prestigieux Poinçon de Genève
Si l’architecture squelettée du calibre 4400SQ révèle un fascinant travail de gravure main, elle ne doit pas faire oublier les performances de cette somptueuse mécanique. Battant à la fréquence de 28'800 alternances/heure, le mouvement affiche une remarquable précision et dispose d’une impressionnante réserve de marche de soixante-cinq heures – un vrai confort pour un calibre à remontage manuel. Pour autant, la mécanique n’est pas seule à répondre aux exigences les plus élevées de la Haute Horlogerie, puisque l’ensemble du modèle est estampillé du Poinçon de Genève. Un gage de qualité, de provenance, de bienfacture et de durabilité qui s’applique à l’ensemble de la montre. Ou comment avoir la certitude de posséder une pièce en tous points exceptionnelle.
Squelettage : l’art et la technique
Bien plus qu’un objet d’excellence mécanique indiquant l’heure, un garde-temps signé Vacheron Constantin se doit d’être une œuvre d’art, capable de révéler toute la beauté d’un savoir-faire unique, riche de près de deux cents soixante ans d’histoire. Dès sa fondation en 1755, la Manufacture n’a eu de cesse de sublimer ses créations au travers de métiers d’art, orchestrés par des artisans aux doigts d’or. La gravure main en fait partie. Un art exigeant, fait de patience et d’habileté, qui s’est mis au service d’une recherche de légèreté aérienne dès les origines. Ainsi, la première montre créée par Jean-Marc Vacheron en 1755 mettait-elle déjà en scène un coq de balancier ajouré et gravé. La quête de transparence s’est ensuite poursuivie, les éléments mécaniques s’ouvrageant au fil des créations, jusqu’à voir naître le premier calibre entièrement squeletté en 1924 battant au cœur d’une montre de poche. Passé maître dans cet exercice de haute voltige, Vacheron Constantin a laissé libre cours à sa créativité, squelettant aussi bien des calibres simples que compliqués, les associant au gré de ses inspirations à d’autres métiers d’art, déclinant ces merveilles tant sur des modèles de poche que sur des montres-bracelets à partir des années 1960.
Non contente d’être l’une des rares manufactures capables de squeletter des calibres aussi complexes que des répétitions minutes, quantièmes perpétuels et autres tourbillons, Vacheron Constantin repousse une nouvelle fois les limites de son art en réinventant tant le geste que les codes esthétiques. La gravure devient ainsi sculpture, les droites évoluent en un entrelacs de courbes, tandis que les pièces horlogères s’érigent au rang d’œuvres architecturales où les jeux de lumière règnent en maîtres.
Le squelettage ou l’art de faire naître la magie
d’une mécanique aérienne tout en transparence
La plus-value de l’horloger en amont
Si le squelettage répond à une démarche purement esthétique, il n’en amène pas moins une complexité supplémentaire par rapport à un calibre plein, et ce à chaque étape. Tout commence par une longue réflexion autour du mouvement qu’il s’agira d’ajourer autant que possible pour en révéler la beauté intérieure. Toute l’expérience des meilleurs maîtres horlogers est mise à contribution, puisqu’il s’agit d’appréhender le subtil équilibre qui permettra d’évider un maximum de matière, tout en veillant à ce que le calibre demeure parfaitement fonctionnel. Ce seul travail de conceptualisation, de design et de modélisation requiert plusieurs centaines d’heures, la durée augmentant avec le niveau de sophistication du calibre, notamment en termes de complications.
Place aux artisans
Une fois ce savant équilibre trouvé, les artisans emboîtent le pas aux horlogers. Pour eux commence un patient travail fait de précision et de rigueur. Platine, ponts, barillet et autres éléments mécaniques préalablement percés et découpés occuperont leurs doigts habiles des dizaines d’heures durant, jusqu’à révéler un nouveau visage harmonieux. Reprenant un par un chaque composant à la main, les artisans vont créer de savants jeux de contrastes entre la finition polie de l’anglage qui captera la lumière, et le rendu mat de l’étirage qui en soulignera l’éclat. Si l’exercice est un art exigeant, il est rendu plus complexe encore par les ouvertures courbes et les angles rentrants, voire fermés à moins de 45°, qu’affectionne particulièrement Vacheron Constantin dans ses créations squelettées, et qu’aucune machine n’est capable de restituer.
Après l’anglage et l’étirage vient la gravure. Pendant environ une semaine pour un seul calibre, le graveur va inciser et sculpter la matière à coups de méticuleux coups de burin jusqu’à faire naître les décors originaux imaginés par Vacheron Constantin, leur donnant galbe et relief. Le geste est précis, parfois jusqu’au 1/10e de millimètre, et la sensibilité esthétique de l’artiste- artisan affûtée à son maximum pour insuffler un caractère unique à chaque pièce.
De retour à l’établi
L’assemblage et le réglage d’un calibre squeletté revêtent une complexité particulière, puisque la perte de matière générée par l’ajourage induit inévitablement certaines déformations des composants. Pour l’horloger, il s’agira dès lors de les retoucher encore et encore jusqu’à les faire interagir impeccablement. Au cours de ce long travail, il veillera à ce qu’aucune poussière ne vienne se loger dans les surfaces évidées, et respectera en tous points les exigences ô combien élevées du Poinçon de Genève. Ainsi, il portera une attention particulière à chaque composant, notamment aux éléments anglés, afin de s’assurer d’une parfaite exécution tant esthétique que fonctionnelle. Une perfection qui sera à nouveau soumise à rude épreuve lors de l’emboîtage, puisque la transparence induite par le squelettage met en lumière chaque imperfection, aussi infime soit-elle. Avant même que les longs tests d’étanchéité, de fiabilité et de précision ne commencent, le calibre pourra ainsi retourner plusieurs fois à l’établi, jusqu’à ce qu’enfin opère toute la magie d’une pièce squelettée exécutée de main de maître. Car c’est de l’excellence et de la patience que naît l’exception.
Identifiant Scald invalide.
Métiers d’Art Mécaniques Ajourées
Réf.:
- 82620/000G-9924 - Haute joaillerie (bague émail noir)
- 82020/000G-9924 - (bague émail noir)
- 82020/000G-9925 - (bague émail bleu)
- 82020/000G-9926 - (bague émail gris)
- Garde-temps certifiés du Poinçon de Genève
Calibre
- 4400SQ
- Développé et manufacturé par Vacheron Constantin
- Mécanique à remontage manuel
- Gravé-main
- 28.60 mm (12 lignes ½) de diamètre
- 2.80 mm d’épaisseur
- Environ 65 heures de réserve de marche
- 4Hz (28’800 Alternances/heures)
- 127 composants
- 21 rubis
Indications Heures, minutes
Boîtier
- Or gris 18K
- Version haute joaillerie : lunette sertie (42 diamants taille baguette, pour un total d’environ 2.00 carats)
- 40 mm de diamètre, 7.50 mm d’épaisseur
- Fond transparent avec glace saphir
- Etanchéité testée à une pression de 3 bar (environ 30 mètres)
Cadran
- Bague en émail Grand Feu opaque noire / bleue / grise
- Chiffres romains ajourés sur une bague en or 18 K
Bracelet Cuir d’alligator Mississippiensis noir / bleu nuit, finition sellier, grandes écailles carrées
Fermoir
- Boucle ardillon en or gris 18K
- Version haute joaillerie : boucle sertie (12 diamants taille baguette, pour un total d’environ 0.82 carat)
- Demi-croix de Malte